Dans ces deux pièces courtes, Charif Ghattas ausculte l’intimité du lien fraternel qui se désagrège. Les situations, apparemment banales, révèlent des sentiments violents et laissent apparaître le visage menaçant et vertigineux des entrelacs familiaux. Dépendances met en scène Henri et Tobias, s’impatientant du retard de leur frère Carl alors qu’ils se retrouvent une dernière fois dans l’appartement de leur enfance ; tandis que Mire, Rita et Diane, les trois soeurs de Rotterdam la nuit, sont réunies malgré elles dans un hôtel pendant que leur mère se meurt, non loin de là.
Dans une langue âpre et frémissante, le silence oeuvre comme une lame de fond, avec, en creux, les aveux empêchés, les espoirs désossés et les souffles retenus. Une valse menée à flanc de falaise, où la parole et les corps s’entrechoquent pour libérer la vérité et l’enfance.