Un halo de mystère entoure la naissance de Basile : certains le font naître à Naples en 1566, d’autres en 1575. Il est d’une famille bourgeoise, peu fortunée, mais versée dans les arts : ses trois sœurs – dont Adriana Baroni, célèbre virtuose du duc de Mantoue – sont toutes cantatrices. Il opte en 1603 pour l’aventure militaire, sous la bannière de la République de Venise. Il participe à une campagne navale et goûte en Crète aux jeux de l’esprit dans l’académie des Extravagants, sous le pseudonyme de Paresseux. De retour à Naples en 1613, après un séjour à Mantoue où, grâce à sa sœur, il côtoie les lettrés de la cour des Gonzague, il entre au service de divers princes locaux puis du duc d’Albe, vice-roi, et occupe, après 1615, des postes de gouverneur dans les provinces. Il se lance alors dans une carrière d’écrivain-courtisan prolifique qui fait mentir son pseudonyme. Admirateur de Marino, il intègre l’académie des Oisifs créée en 1611 au service de la politique culturelle des vice-rois : lieu de dissertations pompeuses où la poésie maniériste s’épuise. Il dédie à ses protecteurs des odes, des madrigaux, une pastorale maritime, une idylle, une compilation des vers de Bembo et Della Casa, maîtres de la poésie pétrarquiste, et un poème épique tiré des Ethiopiques d’Héliodore, Le Téagène. Mais, sous le nom anagrammatique de Gian Alesio Abbatutis, il est aussi de ceux qui, comme son ami Giulio Cesare Cortese, s’engagent dans la production d’une contre-littérature dialectale, foisonnante et inventive quoique souterraine, visant à dénoncer les excès du pétrarquisme stérile imposé par les autorités : il produit alors ses chefs d’œuvre, Les Muses napolitaines, neuf églogues dédiées à Cortese, et Le Conte des Contes, où il magnifie la langue et la culture de sa terre natale. Annobli comte de Torone, il meurt à Gugliano le 23 février 1632.