Né en 1865 à Bombay, dans une famille lettrée et artiste, le jeune Rudyard est arraché à son existence choyée dès l’âge de six ans, quand il quitte l’Inde pour l’Angleterre afin d’y recevoir une éducation. Ces années de séparation le marquent profondément, et c’est pourquoi il retourne dès l’âge de dix-sept ans en Inde, sans avoir fait d’études supérieures. Il devient journaliste, et le reste jusqu’à son retour en Europe, en 1888. Ses premiers contes (Simples Contes des collines) commencent déjà à lui créer une petite notoriété dans les milieux influents de son pays. C’est à partir de 1888 qu’il découvre le monde : il voyage, se marie, se fixe en Amérique pendant quelques années, a des enfants. Surtout, il produit alors ses chefs-d’œuvre, les deux Livres de la Jungle, publiés en 1894 et 1895, qui exaltent la supériorité de l’homme sur la nature. En parallèle, il écrit des poèmes, parfois considérés comme simples et vulgaires par des amateurs d’alors. Il s’installe définitivement en Angleterre en 1896 et acquiert une grande célébrité. En 1907, à seulement 42 ans, il reçoit le prix Nobel de littérature. Les enfants restent ses lecteurs de prédilections : il publie Kim en 1901, les Histoires comme ça en 1902, puis une série d'œuvres moins connues, comme Puck of Pook's Hill en 1906. Aujourd’hui encore, son talent est reconnu dans l’art de la nouvelle, et il est souvent désigné comme un précurseur de la science-fiction. Une controverse a néanmoins marqué sa vie : interprète de la manière dont l’empire était vécu, il a souvent été critiqué pour être le chantre de l’impérialisme britannique et d’un colonialisme idéaliste. Et pourtant, tout en restant profondément attaché à la société anglo-indienne dont il faisait partie, il fut peu à peu méfiant du tournant que prenait alors l’impérialisme, toujours plus âpre au gain et aveugle dans ses ambitions. Malgré ces critiques, ses qualités littéraires l’ont emportées : il s’éteint en 1936, en homme fixé dans une légende.