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Anne Charlotte Leffler

Anne Charlotte Leffler est née en Suède en 1849, la même année qu’August Strindberg, dans une famille bourgeoise éclairée. Ses frères seront linguiste, ingénieur, ou mathématicien – son aîné est d’ailleurs Gösta Mittag-Leffler, dont on étudie toujours les travaux. Encouragée à écrire par ses parents, Leffler est, dès son plus jeune âge, une polygraphe qui s’exerce à tous les genres. Elle se marie en 1872 avec le très effacé Gustav Edgren, et continue à écrire en cachette de son époux. La Comédienne est, en 1873, sa première pièce jouée en public, qui plus est au prestigieux Théâtre Royal de Stockholm. C’est un succès considérable, mais anonyme : ce n’est qu’en 1883 que la pièce sera publiée, dévoilant l’identité de son auteure. Au cours des années 1880-1890, qui marquent la « percée moderne » de la littérature scandinave (« det moderna genombrott »), Leffler devient une personnalité de premier plan de la vie intellectuelle suédoise, tant pour ses romans, ses essais (dont le sulfureux Féminité et érotisme), ses recueils de nouvelles, ses articles, ses pièces de théâtre, que pour ses liens avec les intellectuels européens (elle correspond avec Henrik Ibsen, Georg Brandes ou Anders Zorn). Elle est aussi connue pour son « engagement » dans un certain nombre de causes. Elle s’est ainsi exprimée au sujet de la « question de la femme » : elle écrit en 1883 une pièce, Vraies femmes, son plus grand succès, qui lui vaudra la définitive inimitié de Strindberg, même si elle ne s’est toutefois jamais revendiquée comme « féministe ». Son attachement aux idées socialistes, qu’elle découvre lors d’un voyage à Londres, est tout aussi sincère (La Lutte pour le bonheur ou Comment on fait le bien). La question de la religion la taraude également, au point que sa dernière pièce, Les Chemins de la vérité, envoie son héroïne, Vera, aux Enfers puis au Ciel, en quête d’une « vérité » qui se dérobe sans cesse. Divorcée d’Edgren, convertie au catholicisme et remariée en 1890 avec le mathématicien italien Pasquale del Pezzo, Leffer devient « duchesse de Caianello » et, en Italie, à 42 ans, donne naissance à un fils. Elle meurt toutefois prématurément en octobre 1892. Son œuvre sombre alors dans l’oubli avant que la critique féministe ne la redécouvre dans les années 1970. C’est la première fois qu’une pièce de Leffler est traduite et représentée en France.

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