Né en 1612 à Lyons-la-Forêt, en Normandie, Isaac de Benserade est fils du noble Henry de Benserade et de Charlotte de La Porte, parente de Richelieu. À la théologie qu’il est censé étudier, cet esprit joyeux préfère la poésie et surtout le théâtre, et c’est à l’Hôtel de Bourgogne plutôt qu’à la Sorbonne qu’il passe le plus clair de son temps. Il se passionne pour les comédies et les comédiennes, et c’est pour l’une d’entre elles, Mademoiselle Bellerose, qu’il écrit Cléopâtre, sa première tragédie (1636). Il la dédie au Cardinal de Richelieu qui le gratifie en retour d’une confortable pension. Suivront rapidement La Mort d’Achille et la Dispute des armes (1637), Gustave ou l’Heureuse Ambition (1637), Iphis et Iante (1637) et Méléagre (1640). Mais cette carrière dramatique s’arrête à la mort du Cardinal et il doit se chercher d’autres protecteurs. Ce seront le duc de Brézé, puis la Reine, Mazarin, et Monsieur, frère du roi. Fréquentant assidument les salons, il y apprend les différents genres poétiques par lesquelles il va s’illustrer, se posant en rival direct de Voiture. C’est d’ailleurs la confrontation de son Sonnet de Job avec le Sonnet à Uranie de ce dernier – déjà mort au moment des faits – qui va déchaîner les passions des gens de lettres et provoquer la querelle des jobelins et des uranistes, à l’origine de la fameuse querelle des Anciens et des Modernes. Entre 1651 et 1681, il se lance dans la carrière de librettiste en composant une vingtaine de ballets, dont Le Ballet de Cassandre (1647), qui inaugure sa collaboration avec Lambert, puis Lully. Élu à l’Académie française en 1674, il prend le parti des Modernes et soutient la candidature de La Fontaine. Il participe aussi à l’élaboration du dictionnaire, avant de connaître ses premiers échecs littéraires avec Les Métamorphoses d’Ovide en rondeaux (1674), puis son adaptation des Fables d’Ésope en quatrains (1678). Il meurt à l’âge de 80 ans, d’une saignée censée soulagée la maladie de pierre qui lui coupa accidentellement l’artère.