Elle respire l’intelligence. Le bel ovale de son visage harmonieux, cheveux châtains dégageant un front haut, regard ferme et doux, nez droit, sourire radieux, elle donne le sentiment d’une paix intérieure profonde. Pourtant, dedans, ça bouillonne ! Louise Vignaud, petite trentaine, est une jeune artiste étonnante. Simple, directe, comme tous les esprits originaux qui ne s’embarrassent pas de pose. Elle est brillante, lumineuse dans sa manière d’expliquer son travail, ses projets. Elle a grandi à Paris, auprès de parents architectes férus de culture. Sa grand-mère maternelle, prof de Lettres, lui a fait très tôt découvrir le théâtre. Elle a voulu aller à Louis-Le-Grand, retrouver la légendaire aventure de Jean-Pierre Vincent et Patrice Chéreau. Au lycée elle a hésité un moment à entreprendre des études de médecine. « Pour être avec les gens », dit-elle. « Médecin comme Tchekhov, comme Boulgakov. » Mais elle a choisi de « travailler avec les âmes ». Passionnée de littérature depuis toujours, elle est entrée à Normale supérieure conjointement à des études à Paris III sous la direction de Georges Banu et Gilles Declercq. Elle a travaillé sur Planchon et la mise en scène classique, avant, tout naturellement, si l’on peut dire, d’entrer en section mise en scène à l’Ensatt (École nationale supérieure des arts et techniques du théâtre) où elle a aimé tutoyer  tous les métiers du théâtre. Elle fait alors des rencontres essentielles, Christian Schiaretti, Éric Ruf, Guillaume Lévêque, Robin Renucci. Assistante de nombreux metteurs en scène, Claudia Stavisky, Michel Raskine, Richard Brunel, Michael Delaunoy, elle va créer sa compagnie, La Résolue, dès 2014. Elle signe alors ses premiers spectacles : Calderón de Pasolini, puis Tailleur pour dames de Georges Feydeau, qu’elle nimbe de dadaïsme. Associée au TNP (Théâtre national populaire de Villeurbanne) dans le cadre du « cercle de formation et de transmission », tandis qu’au même moment elle se voit confier la direction du Théâtre des Clochards célestes par la Ville de Lyon. Elle y fait découvrir de jeunes talents, Alice Vannier, Sacha Ribeiro, Maxime Taffanel, notamment. Viennent les travaux qui la font connaître : Le Misanthrope de Molière, Rebibbia de Goliarda Sapienza, Phèdre de Sénèque à la Comédie-Française, Agatha de Duras. Elle déborde de projets : après sa mise en scène pour la co[opéra]tive de La Dame blanche de François-Adrien Boieldieu, elle mettra en scène Zaïde de Mozart à l’Opéra de Rennes, et pour 2023, une pièce de l’autrice franco-algérienne Myriam Boudenia autour du 17 octobre 1961. Puis une trilogie méditerranéenne à partir de trois pièces d’Euripide : Les Phéniciennes, Les Troyennes, Les Bacchantes. Elle est artiste associée à la Comédie de Béthune auprès de Cédric Gourmelon et Morgann Cantin-Kermarrec, et à la Criée à Marseille, auprès de Robin Renucci.