Jonathan Swift est né à Dublin en 1667, en Irlande, de parents anglais. Après une enfance sans père, mort       avant sa naissance, et des études de théologie au Trinity College de Dublin qui le mèneront au doctorat, il se dirigea vers une carrière au sein de l’Église anglicane. Il vécut d’abord en Irlande, puis embrassa, après avoir été secrétaire de l’influent Sir William Temple, une carrière qui le conduisit pendant sept ans en Angleterre au plus près du pouvoir politique. Après l’échec du parti Tory qu’il soutenait, source de frustration et d’amertume, il revint en 1715 à Dublin comme Doyen de la cathédrale Saint-Patrick. C’est là qu’il exerça comme prédicateur, et qu’après avoir préalablement publié d’autres textes de diverses natures, notamment des satires comme Le Conte du Tonneau (1704), il écrivit Les Voyages de Gulliver  – son œuvre la plus célèbre, d’abord parue anonymement en 1726, puis en 1735 dans une édition révisée publiée sous son nom. En 1729, il rédigea Modeste proposition, saisissante satire en défense de son île natale en proie à la famine. On mentionnera aussi – outre le satiriste majeur de la littérature de langue anglaise qu’il est –, son goût des jeux de langage, des masques et des langues, voire des supercheries, ainsi que son intelligence implacable associée à un imaginaire puissant, ses essais et pamphlets littéraires ou politiques parfois publiés sous pseudonymes, son rôle dans la presse périodique, ses sermons, ses poèmes et sa curieuse et mystérieuse correspondance codée avec « Stella » et « Vanessa ». La fin de sa vie n’épargna pas à Swift les tourments de la redoutable maladie de Ménière et un cruel et inexorable déclin intellectuel. Il mourut en 1745, déjà reconnu, son œuvre majeure ayant été traduite très vite en français, d’abord anonymement à La Haye (Voyages du capitaine Lemuel Gulliver en divers pays éloignés), puis par l’abbé Desfontaines. Voltaire, qui voyait en lui le Rabelais anglais, le fit connaître en France et en orienta la réception.     Jean Viviès