Joël Dragutin commence sa carrière théâtrale dans le nord de la France, où il met en scène plusieurs auteurs contemporains, parmi lesquels Étienne Catallan, Georges Michel, Franz Xaver Kroetz, Michel Vinaver et Václav Havel. Sa première pièce, La Baie de Naples, montée à Cergy-Pontoise en 1987, connaît d’emblée un grand succès et se produit aux quatre coins du globe. Ce discours bourgeois qui tourne en boucle annonce déjà plusieurs thèmes qui poursuivront le dramaturge jusqu’à Une vague espérance : solitudes collectives, vanités de la classe moyenne, argent, amour, toute-puissance des marchés, invasion du virtuel… Il s’agit, pour le metteur en scène issu d’une famille ouvrière, de démythifier notre société libérale et d’en chercher les valeurs. Jusqu’en 1996, Joël Dragutin monte plusieurs pièces du répertoire classique (notamment de Marivaux, Musset, Molière et Beaumarchais) tout en se consacrant de plus en plus à son travail d’auteur dramatique. Parmi ses tragicomédies qui cherchent à interroger nos « mythologies contemporaines », citons : Tant d’espace entre nos baisers, Sens unique, Haute altitude, La Spectatrice, L’Estivante, Petits voyages au bout de la rue, Chantier public, En héritage…
En 1985, il fonde, toujours à Cergy, le Théâtre 95 qui sera consacré, quinze ans plus tard, Scène conventionnée aux écritures contemporaines. Sa création Une maison en Normandie inaugure en 2012 la nouvelle salle Visconti de son théâtre agrandi et rénové. Pendant trente ans sur le territoire de Cergy-Pontoise, il aura soutenu avec passion la jeune création, le débat d’idée et l’action culturelle avant que le Théâtre 95 ne devienne en 2018 partie intégrante de la Nouvelle Scène nationale et que Joël Dragutin poursuive son travail de créateur au sein d’une compagnie en résidence. Son avant-dernière pièce, Moi, Daniel Blake, adaptation du film  de Ken Loach, illustre bien son amour pour l’écriture cinématographique et ancre encore un peu plus son théâtre dans une démarche engagée, sociale 
et contemporaine.